Musica (5/5*)

CD

GINASTERA Concerto per arpa

DEBUSSY Deux danses pour harpe et orchestre à cordes

BOÏELDIEU Concerto per arpa in DO

Anaïs GAUDEMARD / Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie, Leo Hussain

CLAVES 50-1613 DDD 56:00

 

"Pour son premier enregistrement avec orchestre, la harpiste française Anaïs Gaudemard a choisi un répertoire très diversifié, allant du Concerto op.25 pour harpe et orchestre d’Alberto Ginastera en 1956  aux Deux Danses pour harpe et orchestre à cordes de Claude Debussy pour faire un saut dans le  temps d'un siècle avec le Concerto pour harpe en ut majeur de François-Adrien Boieldieu, écrit en 1800. Trois œuvres majeures pour cet instrument, trois époques et trois styles  d'écriture très différents, qui vous permettent d'apprécier le talent exceptionnel de cette jeune harpiste, vainqueur en 2012 du premier prix au prestigieux Concours international de harpe à Tel-Aviv, et harpiste dans les orchestres, comme le festival de Lucerne, le Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks, l'Orchestre Philharmonique d'Israël, l'Orchestre de Chambre de Lausanne, sous la direction, entre autres de Claudio Abbado.

Le Concerto op.25 de Ginastera, exécuté pour la première fois en 1965 par le légendaire Nicanor Zabaleta, entraine l'interprète dans  une écriture très éloignée de la harpe typique et nécessite en plusieurs points une virtuosité et une énergie hors du commun pour l'orchestre et la soliste. Ce dernier est engagé dans des passages de percussion, fortement  rythmiques et mélange avec grande  originalité le style de Bartók aux influences du folklore argentin.

Les Danses de Debussy, composées en 1904, proviennent de la société Pleyel, dont le directeur Gustave Lyon, avait breveté une harpe chromatique sans pédales et dotée de deux rangées de cordes qui comprenaient toutes les notes. Avec cet instrument Pleyel avait l’intention de faire concurrence à la harpe diatonique à pédales dont Erard  détenait le monopole. Son succès, fut  cependant de courte durée en raison de la difficulté de l’accorder. La partition de Debussy, morceau de concours de la classe de harpe chromatique au Conservatoire de Bruxelles en 1904, pouvait toutefois être effectuée sur harpe à pédales. Son écriture modale, à l’archaïsme subtil et aux textures claires, n’est pas sans rappeler d’autres œuvres antiquisantes de Debussy (les Danseuses de Delphes, les Chansons de Bilitis ou la Tarentelle styrienne), les cordes tissant un écrin aux sonorités transparentes pleines de charme.

Dernière œuvre de l'enregistrement le Concerto pour harpe de François-Adrien Boieldieu, composé au début de la période romantique, mais avec le regard encore tourné vers la galanterie d’un XVIIIe siècle définitivement disparu. Boïeldieu reste le principal compositeur  français d’opéra   du premier quart du XIXe siècle - la composition met en évidence une écriture  classique et un équilibre judicieux entre les sons diaphanes de la harpe et  la force de l’ orchestre.
 

Encore une fois, nous apprécions les qualités de virtuosité et la grande élégance de Anaïs Gaudemard, capable de passer avec un goût impeccable de l’expressionisme de Ginastera aux filigranes fragiles du XVIIIème de Boïeldieu. L'Orchestre de l'Opéra de Rouen, dirigé par Leo Hussain, ne se limite pas, en particulier dans Ginastera, à un accompagnement simple, mais déploie une sonorité robuste et en  même temps une légèreté pour ne pas éclipser la partie soliste."

Stefano Pagliantini